Les Nouvelles Icônes

Le pouvoir des images religieuse et le modèle que représente les personnages saints est quelque chose d’ancré dans nos traditions et notre héritage culturelle. Néanmoins à l’époque où beaucoup d’hommes se détachent de la religion, il est nécessaire de voir et de comprendre qui remplace ces modèles de style de vie, ces guides.

Avec l’apparition du cinéma, puis de la télévision nait le phénomène de star system, très vite des gens du commun, dont la seule particularité est d’être connue, deviennent des sortes de demi-dieux. En effet si la célébrité existait déjà depuis longtemps, par le biais de la musique et de la chanson essentiellement, les nouveaux médias tel que le cinéma, dans un premier temps et la télévision, plus tardivement, ont permis une approche plus réaliste. La distance, entre la star et ses fans est amoindrie de part la communication faite autour mais la star est également envoyé dans une autre sphère qui n’appartiens qu’à elle et à ses semblables.

Mais quel est le rapport avec notre sujet me direz-vous ?! Il est important de souligner que les fans sont pour certains très impliqué dans la vie de leurs idoles. En effet, ils savent tout de leur vie, de leurs habitudes, ils connaissent par cœur leurs moindres déclarations (parfois mieux que la star elle-même), cette adoration est tellement forte qu’elle peut être comparé à une nouvelle forme d’idolâtrie. Pour certains la star s’apparente a un guide, un modèle dont il faut copier le mode de vie pour s’accomplir soit même. Certains parlent même de « père spirituel ».

Ainsi des hommes et des femmes à l’origine tout à fait banal deviennent des icônes, le plus souvent après leurs mort, Marilyn Monroe, Michael Jackson, Elvis Presley, Claude François, John Lennon…sont autant d’exemples. Mais qu’en est-il de l’image qu’ils véhiculent et qu’on leurs confères, qu’elle est leurs influences sur les hommes ?

L’exemple de Marilyn Monroe est très explicite, comme l’histoire nous l’a appris le personnage de Marilyn était tout à fait différent de la personne fragile et dépressive qu’elle était en réalité. Si aujourd’hui beaucoup de gens prennent en considération cette autre facette de sa personnalité, la majorité la voit encore comme la blonde pulpeuse hollywoodienne sujette aux fantasmes et jalousies. Depuis sa mort on peut clairement dire que son image a été détournée à de nombreuses reprises, on la retrouve sur des coussins des tableaux, des miroirs, des posters et toute autre sorte de produits dérivés. Elle fait parti de notre quotidien et est pour de nombreuses personnes un modèle à suivre, un but à atteindre.

Mais si Marilyn est un but, un objectif, une finalité dans l’image que l’on veut atteindre, d’autres icônes sont passé, grâce à leurs talents, leurs vies, leurs expériences…, à un statut quelque part presque divin. Prenons par exemple Claude François, sa mort prématurée et la frénésie qu’il déclenchait avant cela n’a fait qu’entretenir le mythe Cloclo (comme on a pu le constater avec la récente sortie du film). La médiatisation qui s’est opéré avec la sortie du film nous a permit de prendre conscience de l’ampleur du phénomène. Ainsi nous avons pu voir des gens dont la vie était régit par leurs idoles, tout chez eux lui est consacré, de la décoration aux loisirs. Plus important certains vont même jusqu’à rejeter leur époux, famille parce qu’ils ne comprennent pas ou ne partages pas leurs passion !! Une femme expliquait dans une interview qu’elle ne s’était jamais mariée car elle considérait Claude François comme sont époux, elle portait une alliance gravée à leurs deux noms et le priait tous les soirs ! Si cet exemple est quelque peut extrême il n’est pas unique et de nombreux autres exemples pourrait être cités.

Si ces icônes ne pourront jamais être oubliées, on constate également un nouveau genre de star system, plus éphémère. En effet avec l’arrivée de la télé réalité, notamment, les stars naissent aussi vite qu’elles meurent dans l’esprit et l’attention des gens. Ce sont des stars éphémères, mais qui ne constituent pas moins des guides pour les personnes qui les admirent.

On peut dire qu’avec notre société, les images et leurs pouvoirs ont évolués. Car ces exemples sont ici plus des images que des hommes et des femmes. Leurs représentations, l’adoration qui en découle a un pouvoir certains sur les hommes et les femmes de notre société, à l’image du pouvoir que peut ou pouvait posséder les icones et les saintes représentations tel que Saint Sébastien pour ne citer que lui. Si Saint Sébastien, guérissait de la peste, il est normal que les « pouvoirs » attribués à ces nouvelles icônes aient évolués en même temps qu’elles.

Exemple de fans extrêmes.

Pour aller plus loin:

Les Saints et les Stars: le texte hagiographique dans la culture populaire de Jean Claude Schmitt

Le Star Système, pour une vision plus théologique et pour une vision plus hollywoodienne

Saint Sébastien, son histoire, ses différentes représentations.

Les images de Saint Sébastien insistent souvent sur la sacralité de la représentation, puisqu’à l’image du Christ il offre sa vie et son corps. En effet il est souvent représenté en état de contemplation céleste , représentant ainsi sa foi inébranlable.

Le personnage de Saint Sébastien est principalement décrit dans Les Actes (Ve siècle), la Passio sancti Sebastiani (époque de Sixte III) et La Légende doré de Jacques de Voragine (fin XIIIe siècle).

Les Historiens et théologiens pensent que Sébastien serait né au IIIe siècle à Milan et mort à Rome, martyrisé en 288. C’est un saint militaire, il aurait été soldat et commandant de la garde prétorienne sous l’Empereur Dioclétien. Malgré sa charge il reste fervent chrétien et exerce une activité prosélyte.

Le premier et plus célèbre martyre de Saint Sébastien a été ce que l’on nomme la sagitation. Il a été transpercé par des flèches par deux soldats pour avoir soutenu le courage de Saint Marc et de Saint Marcellin qui étaient alors en prison. Malgré ses blessures, il reste en vie, soigné par Sainte Irène la veuve du martyre Castullus.  A la suite de quoi il défiera plus tard l’Empereur qu’il accuse de cruauté envers les chrétiens. L’Empereur Dioclétien le condamne alors à être flagellé et assommé dans le cirque, son corps est ensuite jeté dans la Cloaca Maxima ce qui rend impossible tous rites funéraires. C’est en rêve que Saint Sébastien indique à Sainte Lucine l’emplacement de sa dépouille afin qu’elle puisse être ensevelie selon les rites religieux chrétiens dans la Via Appia, aux cotés des apôtres.

Saint Sébastien, après avoir été le patron de Rome aux cotés de Pierre et de Paul, obtient le statue de saint militaire comme nous l’avons annoncé plus tôt.

Il tenait également une place très importante auprès des saints dit « intercesseurs ». Saint Sébastien témoigne de sa foi jusque dans sa chaire, à l’image de Saint François qui a reçu les stigmates, Saint Sébastien est associé au Christ mort sur la croix qui a ressuscité, les fidèles le pensent donc capable d’être un intermédiaire et un messager entre eux et le Christ.

De part son martyre et sa guérison, Saint Sébastien fait également parti des saints dit « thaumaturges », auquel on accorde des pouvoirs de guérisons. C’est ainsi qu’au Moyen Âge on le pensait capable de guérir de la peste, ce qui explique par conséquent cette grande popularité. En effet, on associe souvent, et aussi de façon antérieur, comme dans l’Illiade, l’image de la peste à des flèches, ce qui constitue un parallèle évident avec Saint Sébastien, son premier martyre et sa fonction de « depulsor pestilatis ».

Mosaïque VIIe siècle Rome Basilique Saint-Pierre-au_Liens

Dans ses plus anciennes représentations Saint Sébastien apparait comme un homme âgé, barbu et vêtu d’une toge antique, ce qui le différencie peu des autres saints, il est aussi parfois en soldat, ou une flèche à la main. Le type de représentation du saint  jeune, beau et souvent partiellement nu seulement vêtu d’un périzonium autours des reins, apparaît au XIIIe siècle et connait un engouement certains au XVe siècle. Il y est figuré lors de son premier martyre, la sagitation.

vers 1480 Tempera sur toile 1,4 x 2,551618 Huile sur Toile 200 x 128

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les artistes le représente généralement selon deux variantes: les mains liées, attachées à un arbre ou une colonne (qui peut évoquer l’épisode de la flagellation du Christ).

1457 Bois 30 x 21 Musée du Louvre1495 Huile sur bois (chêne) 176 x 116 Musée du Louvre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette analogie au saint souffrant physiquement, à l’image du Christ lors de la passion, ne fait que s’accentuer avec les deux personnages nus, saignants tous deux sur le bois de l’arbre, et celui de la croix.

Au XVIIe siècle, le saint commence à être représenté d’une troisième façon, entouré d’autres personnages, il est soigné par Sainte Irène.

De ce fait, la popularité de Saint Sébastien s’explique par les nombreuses raisons énoncées plus tôt. Sa popularité artistique s’explique quant à elle en partie par cet engouement populaire, mais également parce que Saint Sébastien est un des rares personnages religieux, avec Jésus Christ, qui permet aux artistes de travailler le nu masculin d’une façon non profane.

Saint Sébastien d’une image traditionelle à Keith Harring

Saint Sébastien fût l’un des martyrs les plus populaires et représentés depuis très longtemps; de nombreux maîtres se sont interressés à lui, du Moyen-âge jusqu’à nos jours.

Si l’image de Saint Sébastien fût au départ l’empreinte d’une foi et de croyances religieuses, on peut voir qu’elle à nettement évoluée jusqu’à nos jours avec des artistes contemporains et même décalés parfois; qui jouent, s’amusent à détourner le personnage emblématique et spirituel pour en faire un message politique, idéologique ou simplement humoristique.

Saint Sébastien fût au départ représenté sous les traits d’un homme assez mûr avec de la barbe, puis progressivement il se change en jeune homme dans la fleur de l’âge, attaché à un poteau et criblé de flèches. Cette représentation n’est jugée pas vraisemblable par plusieurs historiens car le chef des gardes prétoriens de Dioclétien ne pouvait être un adolescent. Cette première (et non la moindre) mutation n’est pas la dernière. En effet, parmis les représentations plus contemporaines de cette icône, on trouve le portrait de Mohamed Ali en couverture d’Esquire par George Lois en 1967;

ou encore un Saint Sébastien plus kitsch en 1987 avec Pierre et Gilles

et pour finir une autre version encore plus décalée cette fois avec Keith Harring en 1984. Cette oeuvre sera d’ailleur la pièce maîtresse de l’exposition Keith Harring : All-over qui rassemblait 28 peintures de l’artiste.

L’image de Saint Sébastien est donc un bon exemple de la façon dont un même symbole, un même thème, peut, traverser les âges et les siècles en évoluant et se réactualisant. En effet si Saint Sébastien était à l’origine le défenseur de la peste et le reprèsentant de nombreuses symbolique, on constate que son image et ses attributions ont su évoluées avec lui. Puisque aujourd’hui il est, par exemple, le saint patron de la communauté homosexuelle. Saint Sébastien est donc est bon exemple de représentatione t de pouvoir des images puisqu’il a su évoluer et traverser les siècles en restant encore et toujours d’actualité.

Analyse du Saint Sébastien de Mantegna

Voici une vidéo qui analyse l’une des plus grandes œuvres de Mantegna, le tableau Saint Sébastien actuellement conservé au musée du Louvre de Paris